avril, 2023 | Diane de Verliac

Un enfant arrive

La fleur bleue de ton âme
Flottante en sa saline vive
Ondulante et tambourinante
A la Porte Mère écarlate
Sourit déjà au frisson primordial
S’ouvre bientôt à la lumière de vie
 
Le soleil attend ton heure
Suspendu au dessus du berceau
Projetant sur ton fleuve
La force de Moïse en ses roseaux
Vers l’isthme de paix et d’amour
Au creux de nos bras déposé
 
J’ai rêvé ton visage de nacre rosée
Comme on boit au désert assoiffé
Ton sourire est déjà un firmament
Qui guide mes baisers comme un chant
Enfant Roi par l’amour reçu
Enfant Joie par l’amour donné
 
Tu parles à mon cœur devinant
De ta bulle aquatique cheminant
Ma fille est si belle de te porter 
Que tu fais mère puissamment
Quand elle est toujours mon enfant
En toutes nos tendresses infiniment
 
Le miroir est mon âge assurément
Quand le chahutage de mon cœur
Me voit si jeune tout le temps
Petit d’Homme à tous tes pas futurs
Tiens ma main solide et sûre
Et chantons déjà à tous les vents
 
Je te pressens âme qui arrive
Je te vois te capte et te devine
Et dans ta bulle ventre appelant
Ton visage hume déjà le jour naissant
En cette eau de mère qui te caresse
L’amour te retient à ce qui te presse
 
Prolonge encore ta nidification
Charnelle et calme à ta transformation
Le temps est une étincelle fusion
Du lointain des âges ta décision
D’être dans nos états d’illuminations
Le bonheur est un choix de réincarnation
 
Tu seras voilier sur nos mers de joie
Tu seras Chevalier à la Rose-Foi
Musicien exalté d’allégresse
Danseur inouï au pied d’airain
En ton coeur chaman et poète
Entre l’albâtre et le fusain
 
Bientôt dans mes mains dévouées
Telle une fleur qui s’ouvre révélée
Tu feras pleurer sur mes joues veloutées
Sans toi et tes yeux dévoilés
Il ne sera plus possible de respirer
Tu vis déjà et mon coeur le sait
 
Celà fait quelques mois
Que tu tourbillonnes autour de moi
De l’astral j’ai senti ton esprit glissé
Si près de ma peau à frissonner
Qu’entre mes cils je te voyais
Enfançon à l’aura pure et dorée
 
Tu marches sur nos pas ancestraux
Tu chemines tel un joyau
Dans l’écrin de ta Mère-Berceau
Elle sait déjà combien elle t’aime
Quand tu cherches les mains de ton père
Sur la peau de ce ventre – cerceau
 
Petit Mars ailé qui marche sur les eaux
Il n’est pas simple de quitter ce chaud
En cet Eden tendre et délimité
L’amour est ton cosmique illimité
Tu flottes d’espérance bercé
Bientôt cosmonaute propulsé
 
Petit Fils que j’attends ardemment
Je t’emmènerai voir l’océan
Et sous le grand soleil piquant
Déployé tu riras de toutes tes dents
Et sur le sable ensemble courant
Nos empreintes jamais ne s’effaceront
 
Je saurai devant ton âme exaltée
Au gré des ruisseaux te faire gambiller
Je te dirai notre ancêtre le Chêne-Roi
Les Dryades magiques aux creux des bois
Et patiemment le roseau qui est en toi
Il n’y aura de précepte que la joie
 
Petit Loup en son antre velouté
Je te conduirai dans le clair obscur
Des nuits des lunes et des forêts
Et sur les mousses douces allongée
J’allumerai les étoiles une à une
Pour bercer tes rêves et te protéger
 
Voudras-tu des grottes et des cascades ?
Des roches magnétiques des escalades ?
Des chevaux fougueux et sauvages ?
Des lacs bleus au sommet des montagnes
Quand les aigles caressent nos visages
A faire frémir nos peaux dans leur cristal
 
Aux rives qui scintillent d’or et d’argent
Tu seras poisson qui vole comme l’oiseau
Tout enfant peut avoir les ailes de Mozart
Par les Anges qui lèvent le voile des Arts
Au gré des Mânes et de leurs cadeaux
Pinceaux pianos guitares et flutiaux
 
Toi l’enfant qui arrive
Comme ta mère est belle si tu voyais !
Elle marche telle une Reine sur la rive
Tu es Un à celle qui se désigne
Et c’est comme si elle portait
Mille vies qui se dessinent
 
Elle était mon enfant seulement
Et la voilà mère époustouflante
Je contemple deux œuvres ensemble
En ce tableau charmant et émouvant
Nos pas petits deviennent géants
Tu ré ouvres l’espace et le temps
 
On ne sait pas son humanité
Tant qu’un autre n’est pas réalisé
Je suis née aux temps de mes enfants
Bouleversante et fabuleuse vérité
Depuis je n’ai cessé de remercier
Ces deux êtres à moi qui se sont donnés
 
Il est une chose fabuleuse et précieuse
C’est que des âmes nous soient confiées
Et pour que la guidance avance
Et que l’Invisible devienne réalité
Toi petit encore tu ne le sais
Moi désormais je vois où il faut aller
 
J’attends ton regard d’enfant naissant
Livre mystère et miraculeux
Dès la première page unique
Humer ta tiédeur magique
C’est mon sang qui bat heureux
Il est prodigue et prophétique
 
Toi l’Enfant Prince qui arrive
Déjà tant chéri parmi les anges
A l’heure où cette seconde s’accomplit
De ton tout premier inspir
J’aurai moi aussi dans ma poitrine
Ce grand élan qui soulève les danses
 
Je te veux dans mes bras
Ta peau encore étoilée de Là Haut
Je te chanterai ce que j’ai de plus beau
Je n’aurai de cesse tissant l’instant
Et gardienne sur ton sommeil veillant
Sais-tu que tu t’appelles ‘ Marceau’?
 
Tu me diras tout ce que tu attends
Tous tes rêves tes dessins tes talents
Mon oreille est sûre à ce qu’elle entend
Ma vie a bien serti ce qu’elle comprend
Tu auras tes quêtes cher enfant
Le destin est un pluriel assurément
 
Je sais la clé d’un château
Qui t’attend pour Roi
En son âtre de pierres
Un grand feu brûle déjà
Et sur l’autel de la Loi
L’épée des Justes brille dans le soir  
 
Nul n’accède aux secrets sans le Sacré
Et le roncier à la porte close
En sa fleur blanche comme l’enfant innocent
Par son épine teste le cœur conquérant
Puis donne son fruit noir et sucré
Doux velours à l’âme qui se repose
 
Les sentiers de l’Amour se cherchent sans arrêt
Ils n’ont de connaissances que notre volonté
On souffre tant de ce qui nous manque
Alors que dans le vide la Lumière apparaît
Par une seule larme versée et récoltée
Quel aride têtu reste assoiffé ?
 
Bientôt tu ouvriras les yeux à ton humanité
Et c’est d’amour dont tu seras enveloppé
Tout fabriqué de tendresse pourprée
Tu babilleras à celle qui t’a porté
Puis un beau jour flammé de courage
Fort tu courras vers ton père enjoué
 
Et parce que notre âme devient
Toujours ce qu’elle contemple
Je t’emmènerai méditer
Je t’emmènerai voir et écouter
Dans tous les lieux enchantés
En tous les lointains préservés
 
Notre rosace d’orientation
En nos cœurs éblouis 
Sera la beauté du monde
Là où toutes les folies
Se transforment en paix
En tendresse et en bonté
 
Il est des lieux d’appels éternels
Qui nous gardent solennels
A ne jamais renoncer
Chante mon enfant chante
Dans ce ventre rond et parfait
Translucide et éclairé
 
L’Univers est notre Matrice révérée
Le Grand Tout n’est que désir délivré
Du fond des âges que l’humain ne connaît
L’Ineffable Parole a tout désigné
Par un immense et délicat écho
Au milieu d’un champ de coquelicots
 
Alors bientôt lorsque tu soulèveras
Pour la première fois tes paupières
Sur son cœur c’est la Déesse Mère
Qui t’étreindra et t’embrassera
En cette aube bleue tu découvriras
La douce Colombe et tu lui souriras


Diane
Achevé le 22 Mars 2023
à  » La Blanche Rose «