Concentration II | Diane de Verliac

Petit temple

Où es-tu Homme du doute
Que ta marche debout adoube ?
Quelle lumière en ton esprit
Détermine l’arche de ta raison ?
Nul héritage aliéné ne sera heureuse prédestination
Nul prêche enfermé ne fera meilleure prédication
Ici ou ailleurs qu’importe la maison
L’Amour est le seul oracle
Qui te libère de tes prisons

Tu souffres d’être né et imparfait
Et tu souffres aussi d’espérer
Le temps complique ton affaire
Si court et tant de choses à faire
Tu t’agites infime en cet infini espace
Trouveras-tu seulement un jour ta place ?
Le Point Suprême est invisible
Il est partout où tu sentiras l’Indiscible

En cette alcôve secrète et chaude
Où l’amour se tient prêt
Ce qui crie dans la matrice-nuit
N’est que l’appel du jour
Même les flots les plus rebelles
Savent faire une trêve
A cet instant de l’onde
Comme l’étale est belle
Le point de suspension qui
amorce toutes les relèves

Petit temple  tes portes tremblent
Les quatre cavaliers sont revenus frapper
A l’instant où tu verras leurs visages
Te brûleront les yeux de tous tes ravages
De tous les malheurs de tous les âges
Pose enfin et pour toujours les armes
Tu en as trop fabriqué
Sous la cape voilée se trouve un nouveau-né
Celui-ci aussi vas-tu le sacrifier ?
Il est pourtant ton enfant
Qu’il pleure de faim ou de froid
Tu le renies comme chacun de tes pas

Toi seul fais ton sort
Toi seul répands la mort
Tu es devenu bien meilleur qu’elle
Elle était une dame toute simple
Tu es un monstre sophistiqué
Aux tortures fort raffinées
Tu n’as pitié de rien
Et la lumière s’éteint
Amasseur de charniers
Ou savamment atomiseur
L’enfer te ressemble
Vous allez si bien ensemble

Pauvre fou ! La terre est ronde
Et tu reviens toujours où tout a débuté
Maintenant que les moissons sont brûlées
Tu es cet aliéné décapité
Qui marche la tête sous son bras
Que sais-tu de ce que tu ne vois pas
Que vois-tu de ce que tu ne sais pas
Le néant vient toujours parler à celui qui s’est acharné
A vivre et à aimer
A haïr et à tuer

Petit temple mais grande mort
Voilà seul par où tu es fort
Comme ta sœur la faux est jolie
Sa tunique est poussière de bois précieux
Doublée de fourrures ensanglantées
Son sillage est un hurlement miséreux
Que même l’Univers ne peut plus absorber
Oui ! Ton grade de fou sur l’échelle animique
Est une spirale de bombes atomiques
Tu peux briser tous les reflets ennemis
Ce n’est que ton miroir anthropophagique
Fade , fat et flasque mais plein de vices
Flaque de boue sans fond du pauvre Narcisse

Comment peux-tu encore prétendre être un roi ?
Quand ton miroir grotesque et ricanant
Te renvoie l’image de dieux qui n’existent pas
Tu as trahi le vœu originel
Et où pose désormais l’arc en ciel
Ses pieds aux bois qui brûlent et hurlent
Les spasmes ont délavé le bleu des eaux
Et la planète en deuil dénombre ses os
Toutes tes promesses ne sont que mensonges fumants
N’auras-tu à jamais honteuses et pompeuses signatures
Que pour les apposer sur les pactes de Satan
Et le chaos s’accumule autant que tes ordures
Et s’accroissent de forts comptes en banques
Ta philosophale est une mercenaire sans foi

Vas ! Tu rends Dieu irréalisable
Dans ton irréalisé de pataugeoire
Tous tes caprices n’y pourront rien changer
Tu n’es qu’un ersatz de divinité
Et il faut te plaindre d’être si peu
Quand tu te prétends beaucoup
Cordon de nombril ou petite queue
Esclave – gordien de toi-même
A chaque massacre en n’importe quel lieu
Ce sont des larmes  qui te pendent
Quand toute la terre par toi se vide
Et dans ta bouche sec le dernier caillou

Petit temple tu sais à peine marcher
Tu ne sais ni nager ni voler
Si la cire d’Icare a fondu comme neige au soleil
Elle te bouche encore les oreilles
Tu es sourd au bonheur qui t’appelle
Tu es aveugle aux beautés sans pareille
Aucun arbre aujourd’hui ne peut plus te cacher
Tes larmes d’ailleurs ne sont pas pour les forêts
Elles sont l’avide lamentation
D’un ogre qui n’est jamais rassasié
Mais les poisons que tu ingurgites
Vont bientôt régler toutes tes questions

Ne me parle plus de Dieu à ton image
C’est une insulte envers tous les âges
Car tu ne fus pas toujours là
Et l’avenir ne te connaît pas
L’Univers aime les poussières
Et lestes ses revers de main
Ici-bas Le firmament d’une étoile
N’est que le clap de sa fin assurément
Débile et ridicule est ton feu de mort
Quand l’expansion des brasiers géants
Décide inéluctablement de tous les sorts

Pauvre tyran dont même sa nudité lui fait honte
Et qui vocifère du petit-haut de son étron
Si la nature fait de si beaux miracles
Tu es l’erreur et non pas l’exception
Quand vois-tu un simple papillon
Venir se poser sur tes lèvres viles
Tout se détourne de ton jus âcre
Tu croyais le monde ta maison
Tous les adytums sont profanés
Trouveras-tu aujourd’hui une vierge argile
Pour repétrir le Calice Sacré
Sans le sang pour le bâptiser

Petit temple relève-toi et marche
Si tu ne sais plus quel arbre pousse en toi
Souviens toi de la sève « Shekhinah »
Qui habite chaque infime parcelle
Tout n’est que chants d’allégresse
Quand tu n’es que faiblesse et détresse
Hurle si tu veux que tu n’y arrives pas
Le vent en ses échos tout ton mal dissoudra
Et en ses innombrables ricochets
Te reviendra ce qui peut te sauver
Mais par pitié , aies pitié
Ne détruis pas ce que tu n’arrives pas à aimer
Abstiens toi de ton ancienne rage
Et aboutis enfin le nouvel âge sage
Ouvre les mains les bras et chante
Toutes les nations sont en attente
Fais  office de levier tendre
L’Univers est la voûte envoûtante
Qui accueille en son écho inlassable
Tout ce que tu enlaces et embrasses
Et que par toi heureux se libère ce monde

L’hymne de joie est le sacre de toute chair
Jusqu’aux poussières d’étoiles d’où jaillit la matière
Il n’est pas plus doux baiser que de savoir aimer
Si tu fus créer c’est pour que ceci soit accompli
La mort te montre que tu ne dois penser qu’à la vie
A chaque instant relève ce défi
Ne lâche aucune main qui t’invite à la danse
Paisible est le respect lumineux écrin
Où explose le partage en milliards de transes

Oublie que tu sais compter et mesurer
Il n’est plus temps d’attendre
Ne fais pas que rêver dans l’obscur
Défais le mal qui t’étrangle
Sois fort d’être si doux
Quand tout n’est que courroux
Ton âme sait voler mieux que tes bras trop courts
Et à l’endroit parfait d’immobilité
Tu voyageras vers le plus que parfait
Le pur est franchissable mieux que des murs

Et toutes les musiques alors font l’amour avec le vide
Si heureux d’un seul coup et de ces caresses avide
Le plein et le délié sont la source de l’Eternité
Homme expérimente tout ce que tu ne sais
Le Grand Livre ouvert propulse ses mystères
Expansion de l’Univers qui seul sait où il va
Qu’aurais-tu perdu qui ne se trouve déjà à l’intérieur de toi ?

Petit d’homme quand tu gémis aux abois
Ne regarde pas en arrière
Parfois il n’y a plus de prière
Il n’y a plus de loi
Il n’y a que l’inconnu effaceur de mémoire
L’amnésie n’est pas douce non plus
Elle est toujours celle qui nous tue
Si tu es éperdu invoque les confins
Tu ne les connais point encore
Quand eux savent déjà ta faim

Petit temple relève-toi et marche
Ce commandement seul ne connait pas de fin
Invente de ce sang chaud qui coule dans tes veines
De cette mer qui à l’infini te berce et règne
Encore et toujours pétris ta propre glaise
Le bonheur a toutes les figures
Promesses de toutes les étreintes
Du prélude frémissant d’un murmure
Au grand vent qui gonfle la voile de ton cœur
Clame tes espérances et ton ardeur

Et aime seulement     ,    …   ,      Aime … !!!

 

Diane De Verliac  Le 30 Janvier 2015

Montussan « La Blanche Rose »  23h45 / 3h30

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